Dans ce pays où tout est sacré, il existe un endroit béni entre tous : Vârânasî (anciennement Bénarès). Petite ville du Nord, berceau du Bouddhisme à l’aura mystique : c’est là que Bouddha s’éveillât, c’est ici qu’il prit conscience que le mal venait du désir et qu’en supprimant le désir, on supprimait la souffrance. Dans ce pays où des millions de gens n’ont que la rue pour maison, « l’éveil » du Bouddha résonne encore dans tous les esprits. Et comme, ici, la vie et le spirituel s’étalent aux yeux de tous, un spectateur curieux et respectueux peut tout apprendre de ce peuple… simplement en marchant dans la rue, pour observer les rites séculaires et les traditions ancestrales qui ponctuent chaque étape du quotidien.

A Vârânasî, le spectacle a lieu le long des « ghats », ces grands escaliers qui longent le Gange sur plus de 7km. On y vient pour prier, se purifier le corps et l’esprit, faire don de ses cheveux au fleuve ou laver son linge ! Éclats colorés des fleurs et des tissus, reflets chatoyants des robes des brahmanes, peintures délavées des palais décatis et des temples splendides, odeurs enivrantes, lumière du petit jour, fumée blanche des crémations… le temps s’écoule au rythme de ces images, lentement, magnifiquement. Ne dit-on pas que se faire incinérer à Vârânasî, c’est accéder au Nirvana, rompre le cycle des réincarnations ?

Nirvana : immortalité auprès des Dieux, que l’on atteint après avoir valorisé son karma et seulement après plusieurs réincarnations, chaque fois dans une caste plus élevée. Dans un pays où l’hérédité détermine la caste à laquelle on appartient, dans un système où l’individu ne peut changer de caste au cours de sa vie terrestre, la réincarnation devient la seule voie d’élévation possible. En Inde, on ne souhaite jamais le bonheur, car le bonheur ne dépend que de vous… il est entre vos mains.

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